La
famille Aziz continue à resserrer son emprise sur les principaux rouages de
l’économie mauritanienne. Comme nous l’avions énoncé dans notre premier article,
paru en novembre 2013, Mohamed Ould Abdel Aziz passe le plus clair de son temps
à s’enrichir et à enrichir son cercle familial le plus proche. Quel que soit le
projet ou le domaine d’activité en Mauritanie, « c’est Aziz qui
s’enrichit ! ».
Lors
de la présente livraison nous avons voulu revisiter cette thématique et
actualiser nos connaissances et les vôtres, sur ce processus d’accumulation qui
semble accaparer le clan Aziz et le souder.
Dans
un fameux discours, Aziz faisait le serment devant les Mauritaniens de
renouveler la classe politique et la classe économique à la fois. Treize ans
après, nous pouvons attester que la classe économique a été renouvelée, de fond
en comble. Renouvelée et réduite à l’entourage proche de Ould Abdel Aziz. Voici
quelques exemples de ce renouvellement à marche forcée, qui mit à la tête de
notre économie une bande de prête-noms gravitant autour d’un général à
l’appétit abyssal.
Le Port Autonome de Nouakchott (PAN)
Il y
a moins de quinze ans se côtoyaient sur le terreplein du Port Autonome de
Nouakchott, la SMPN (Société Mauritanienne de Pêche et de Navigation), la SAMMA
(Société d’Accompagnement et de Manutention en Mauritanie), la SEP (Société
d’Equipements Portuaires), MAERSK, la SOGECO et bien d’autres.
Aujourd’hui,
le grand manitou du PAN s’appelle Med Abdallahi Ould Iyaha qui opère sous le
pavillon de la très influente MAURILOG (MAURItanienne de LOGistique). Ayant
acquis plus de douze hectares de quai et de terrepleins stratégiques du domaine
portuaire, c’est la MAURILOG qui fait la pluie et le beau temps au PAN. Associé
à SHENKER et au Chinois HONDONG (tristement célèbre par ses licences de pêche
plus que douteuses), Ould Iyaha est le maître incontesté de cette porte d’accès
maritime à la Mauritanie, au Mali et à une partie du Burkina Faso. Il partage le
domaine portuaire avec d’autres prête-noms de la Azizie tels Ould Ghadda, Ould
Dewla et Ould M’Sabou.
L’idée,
de moins en moins implicite, serait, pour le clan Aziz, de se positionner pour
le contrôle de la logistique, de la maintenance et de la fourniture du marché
de l’exploitation et de l’exportation des hydrocarbures qui s’annoncent prometteurs
en Mauritanie et dans d’autres pays de la sous-région.
C’est
ainsi que les futurs opérateurs étrangers dans le domaine des hydrocarbures
(BP, Total,…) ont été instamment encouragés à nouer les plus fortes
collaborations avec MAURILOG. C’est aussi l’objet de la Convention
d’Etablissement approuvée en Conseil des Ministre le 23 novembre 2017 entre
l’Etat mauritanien et l’OPM-Groupe (Opérateurs Portuaires Mauritaniens) qui
regroupe tous les prête-noms et porte-flingues de Ould Abdel Aziz. Cette
convention porte sur 16,6 millions de dollars.
Les boutiques, toujours des boutiques
Les
artères de la Capitales se couvrent de barrettes de boutiques. Des
« marchés » apparaissent un peu partout.
Là
ce sont les rangées de boutiques et d’appartements bâtis sur le terrain annexé
à l’Ecole de Police sur l’avenue Moctar Ould Daddah. Sur la photo du bas, une
autre barrette de boutiques construites sur le terrain de ce que fut l’Ecole
Marché.
Cette
rangée de boutiques est située tout près du Marché dit «de la Capitale» qui est
le marché historique de Nouakchott. Les Nouakchottois ne se lassent pas de se
raconter l’histoire du «Marché de la Capitale». Après avoir été débouté par la
justice qui donna raison aux propriétaires et exploitants du «Marché de la
Capitale» qui refusent de quitter les lieux, le clan Aziz décida de s’y prendre
autrement. Pour obliger les commerçants du « Marche Capitale » d’accepter
que ce dernier soit démoli et reconstruit selon leur volonté et à leur bénéfice
exclusif, les prête-noms de Aziz entreprirent de construire pas moins de deux
nouveaux « marchés », un au sud (celui sur la photo) et l’autre à
l’ouest (à l’emplacement de l’ancienne « fanfare »). C’est là un
exemple classique des méthodes mafieuses de ceux qui nous gouvernent. Si tu ne
te plie pas à ma volonté, je te tue à coups de concurrence déloyale.
Toujours
à Nouakchott, la bande à Aziz investit massivement dans l’immobilier locatif en
important le concept, nouveau, de quartier résidentiel pour personnes fortunées.
Cette
photo montre une résidence de 12 villas en cours d’achèvement sur ce que fut la
terre des Cheibany, de l’autre côté de la rue par rapport à l’hôpital
Bouamatou.
Pour
financer tous ces investissements dans l’immobilier (boutiques et
appartements), la famille Aziz est en train de se doter d’outils de gestion
financière, tels des banques et des établissements bancaires.
L’immeuble
surmonté d’une coupole est celui de la BFI (Banque de Finances Islamiques) dont
la propriétaire ne serait autre que la Première Dame, Tekeyber Mint Malainine.
Cette
photo est celle de la BMI (Banque Mauritanienne pour l’Industrie) dont le capital
serait détenu directement ou indirectement par Aziz et opérée par le fameux
Zeine El Abidine Ould Ahmed Mahmoud. Ces banques permettent au clan Aziz
d’accéder aux devises et à financer les opérations à l’intérieur et à l’extérieur
de la Mauritanie. Elles sont très utiles, par exemple, pour l’achat et la
gestion des propriétés multiples au Maroc, en France et aux Emirats.
Nous
apprenons, par ailleurs, que le marché du nouveau Palais des Congrès, octroyé de
la façon la plus opaque et la plus irrégulière possible à l’un de ses proches,
a été l’occasion, pour le clan Aziz, de faire rentrer, sans aucun droit de
douane, des dizaines de milliers de tonnes de fer à béton qui seront écoulés
sur le marché ou qui serviront à construire d’autres boutiques.
Mais
Nouakchott n’est pas la seule ville qui intéresse les Aziz. Il y a aussi
Nouadhibou, la capitale économique de la Mauritanie. Comme par hasard, tous les
anciens bâtiments administratifs, les terrains, les réserves foncières dont
l’Autorité de la Zone Franche a décidé (ou à reçu l’ordre) de se séparer, n’ont
trouvé preneur en dehors du cercle rapproché de Ould Abdel Aziz (la Première
Dame, le Gendre…). Bientôt vont y pousser des résidences, des boutiques et des
Malls commerciaux. Nous reviendrons en détail sur le cas de Nouadhibou dans une
prochaine livraison.
Les origines de la fortune
Les
Mauritaniens observent, incrédules, l’ascension fulgurante d’une poignée
d’hommes et de femmes, presque tous jusque-là inconnus, et se demandent comment
une telle fortune a pu être amassée en si peu de temps par des individus que ne
distinguent ni l’intelligence, ni le courage et encore moins le niveau d’étude.
Au moment où la sécheresse décime leur cheptel, anéantit leurs champs et les
réduits à la pauvreté la plus noire, ils voient les ballets de grues faire
pousser, tels des champignons, des boutiques et des résidences un peu partout à
Nouakchott.
Mais
les Mauritaniens savent que les salaires cumulés de toute une vie d’officier
supérieur de l’armée nationale ne peuvent, en aucun cas, permettre de
construire ne serait-ce que l’immeuble de la banque destinée à gérer les biens
mal acquis de la Première Dame. Les Mauritaniens savent aussi que cette
Première Dame était, il y a moins de quinze ans, gérante d’un Hammam situé dans
un quartier miséreux du Ksar (voir photo). Son président de mari, Mohamed Ould
Abdel Aziz, était connu pour s’adonner à un trafic bien particulier, celui du
bois des prosopis en provenance du Parc de la Présidence qu’il apportait pour
faire fonctionner le four du Hammam de Tekeyber.
Les
portes, juste avant la façade peinte en vert, sont celles de l’ancien Hammam de
la Première Dame. Son mari était champion en matière de trafic de bois venant
du Parc de la Présidence, du temps où il était chargé de la sûreté
présidentielle (BASEP). On mesure la fulgurance de l’ascension économique et
sociale en comparant la situation où était ce couple, il y a vingt ans, à sa
situation actuelle.
OBAMA Juin 2018
No comments:
Post a Comment