Dans un enregistrement audio suivi par une conférence de presse de l'un de ses lieutenants (Aly Ould Dawla, voir photo), Cheikh Ridha vient de reconnaitre une dette de plus de 72 milliards d'ouguiyas (environ 240 millions de dollars) contractée auprès de victimes mauritaniennes allant du simple éleveur au propriétaire foncier en passant par le simple épargnant ayant construit, brique après brique, sa résidence principale et dont il se retrouve expulsé après qu'elle ait été vendue par les limiers de Ridha. Une vague promesse de remboursement a été émise par le Cheikh qui invoque, pour justifier sa banqueroute, les exigences démesurées et déraisonnables de certains de ses proches auxquels il ne pouvait refuser ce service (on pense très fort à Aziz).
Son fondé de pouvoir, Ould Dawla,
précise, quant à lui, que les créanciers seraient dédommagés quand les
négociations en cours avec des investisseurs chinois auront abouti. Ces
négociations ont pour objet la cession du permis d'exploitation, tombé curieusement
entre les mains de Cheikh Ridha, des mines de phosphate découvertes depuis
plusieurs années dans le sud de la Mauritanie (Bofal) et qui constituent l'une
des plus importantes richesses du pays.
Comment l'Etat mauritanien, passé
champion dans le domaine du recouvrement des créances (impôts et taxes) et qui
en fait une arme imparable, notamment contre les opposants au pouvoir, a-t-il pu
laisser un particulier (même pas constitué en société) brasser des milliards et
des milliards sans le moindre impôts ou taxes?
Comment Cheikh Ridha est-il
arrivé à pousser des milliers de Mauritaniens vers la ruine en leur faisant
miroiter des gains faramineux par l'achat, à crédit, de leur biens à des prix
exorbitants et en revendant ces derniers à des prix en dessous de ceux du marché?
De la sorte, il ruine à la fois ses créanciers et les opérateurs du marché du
foncier.
Quels sont les liens entre le
président Aziz, Cheikh Ridha, Mohyiddine Ould Ahmed Saleck dit "Sahraoui"
et Zein El Abidine Ould Mohamed Mahmoud? Qui finance qui et avec quel argent?
Y'aurait-il des liens entre la transaction du Nouvel Aéroport remportée par Sahraoui,
l'ascension économique et sociale fulgurante de Cheikh Ridha, la percée dans le
mondes des banques de Zeine El Abidine, l'émission d'une nouvelle monnaie en
Mauritanie, l'organisation de la faillite des sociétés publiques telles ATTM,
ENER et SONIMEX et le renoncement à un troisième mandat de la part de Aziz?
Depuis deux semaines, nous
recevons, à l'OBAMA (Observatoire des Biens et Avoirs Mal Acquis), une somme
d'informations que nous nous proposons de compiler dans cet article, sans
prétendre pouvoir répondre à toutes les questions posées.
La supernova
La première fois que Cheikh Ridha
fit parler de lui c'était sous le CMJD (Comité Militaire pour la Justice et la
Démocratie) qui prit le pouvoir pour mener la transition en Mauritanie à la
suite du coup d'Etat contre Sid'Ahmed Taya en 2005. Ridha acceptait
d'intercéder au profit de la famille Cheibany (riche famille d'origine
mauritanienne installée, depuis des générations, en Arabie Saoudite) auprès des
nouveaux maîtres du pays.
L'un des membres de cette famille,
Mohamed Said Ould Cheibany, cherchait à récupérer les droits sur une vaste
réserve foncière d'une dizaine d'hectare (voir image Google) idéalement située entre la
Capitale et le Ksar et que l'ancien dictateur avait gelée après l'avoir
octroyée aux Cheibany contre la promesse, non tenue, d'y ériger un complexe
d'hôtels et d'infrastructures de loisirs. On aperçoit sur l'image le terrain presque nu en 2005 et le même terrain valorisé en 2018. La densité d'immeubles et de luxueuses habitations qui l'occupent en dit long sur la plus-value réalisée par ses heureux propriétaires.
Suite à cette
intervention, Cheikh Ridha récupéra le tiers du dit terrain alors qu'un
deuxième tiers finissait dans l'escarcelle des hauts gradés du CMJD dont feu
Ely Ould Mohamed Vall et celui qui n'était que le Colonel Aziz. Les Cheibany
s'en tireront avec le dernier tiers du terrain.
A cette première
prise, Cheikh Ridha ajoutera un autre grand terrain octroyé par intervention de
Aziz à la sortie de Nouakchott en direction de Nouadhibou, près du carrefour
dit de la "théière". Devenu l'un des hommes les plus riches de
Nouakchott, Cheikh Ridha se devait de construire son aura d'érudit et de guide
spirituel. Ayant établi, à l'occasion de multiples séjours en Egypte, une
prétendue filiation avec la tribu des Sa3idiyine (haute Egypte), Ridha se pose
en spécialiste de la Roukhya (art de guérison inspiré de pratiques attribuées
au Prophète Mohamed, PSSL) et créa trois Mahadra (Ecole coranique) à différents
coins de Nouakchott. L'apogée de cette ascension cultuelle sera atteint quand
Cheikh Ridha guérira d'une attaque d'hépatite l'autre étoile montante de la
Azizie, à savoir Sahraoui.
Cheikh Ridha,
enrichi jusqu'à l'indigestion par ses relations au sein des plus hautes sphères
de l'Etat et auréolé de sa couronne de guérisseur, Marabout de la Première Dame, "Chrif"
et érudit servira plus tard au régime de Aziz comme bras armé en théologie
capable de canaliser dans la direction souhaitée les sentiments religieux au
sein de la population. La démonstration la plus spectaculaire de la force de ce
bras fut l'irruption du Mouvement Nousra (les Amis du Prophète) instrumentalisé
lors de l'affaire de Ould Mkheityr, accusé de blasphème et condamné à mort en
première instance. Après avoir chauffé à blanc la rue mauritanien en réclamant
la tête de Ould Mkeitir, l'opinion publique découvrait, au profit d'enregistrements
audio fuités, la nature purement mercantile des principaux acteurs de Nousra
et, en même temps, que ce mouvement était profondément vermoulu par les
différentes officines de renseignement de Ould Abdel Aziz.
Le troc de l'aéroport
L'idée de construire un nouvel aéroport en dehors de l'agglomération Nouakchottoise est vielle d'au moins 30 ans. Des négociations avaient été entamées avec les Chinois qui acceptaient de se faire payer en minerai de fer mauritanien. Prétextant que le prix du minerai de fer avait, entre-temps doublé, Aziz demanda à renégocier le contrat puis décida de le dénoncer pour lancer l'une des opérations les plus opaques et juteuse pour lui et son entourage taillé sur mesure.
Il troqua les 400 ha de foncier
urbain qu'occupait l'ancien Aéroport International de Nouakchott et toute la
Ceinture Verte (ceinture végétalisée plantée au Nord-Est de Nouakchott pour stopper
l'avancée des dunes qui menacent d'ensevelir les habitations de la ville)
contre la construction d'un aéroport à trente kilomètres au Nord de Nouakchott
destiné à accueillir jusqu'à deux
millions de passagers par an.
Sans aucun appel d'offre et
enfreignant toutes les règles et procédures de passation de marchés publiques,
le contrat fut octroyé de gré-à-gré, à Najah for Major Works (NMW), entreprise
novice dans le domaine et qui n'a pour elle que le fait d'appartenir à un
certain Sahraoui.
Lancé en novembre 2010 et prévu
pour être livré en vingt-quatre mois, l'Aéroport Oum Tounsi ne sera achevé
qu'en juin 2016, soit avec quatre ans de retard.
Dans un pays à fonctionnement
"normal", NMW aurait dû subir des pénalités de retard dès les
premiers mois après novembre 2012. En place et lieu de ces pénalités, Sahraoui
obtint une confortable rallonge de quinze milliards d'Ouguiyas (50 millions de
dollars) que Aziz demande à la SNIM (Société Nationale Industrielle et Minière)
de débourser. En prime à cette rallonge, le président de la République offre la
garantie de l'Etat mauritanien pour appuyer cette transaction. A l'instar du
contrat initial, cet important avenant ne suivit aucune procédure de passation
de marché.
Il est très clair ici que Aziz
tenait, à travers toutes ces acrobaties financières, à s'assurer le versement
de sa côte part personnelle, en espèces sonnantes et trébuchantes.
Ce qui est sûr c'est que les
quinze milliards de la SNIM n'avaient pas atterri dans les caisses de NWM ni
servi à financer l'acquisition d'équipements pour l'aéroport Oum Tounsi. La
preuve en est que Sahraoui continue à crier famine et à réclamer de la
liquidité pour maintenir à flot sa trésorerie. L'argent de cette rallonge a
certainement servi à irriguer les circuits occultes qui partent et aboutissent
au Palais ocre.
Nous sommes en 2018, trois ans
après le déblocage de la rallonge de la SNIM et deux ans après la réception du
nouvel aéroport, la SNIM n'a pas vu la couleur de son argent. Nous apprenons,
d'ailleurs, qu'un avenant supplémentaire stipulait, en guise de remboursement
des quinze milliards, que Sahraoui devrait construire la grande mosquée qu'Aziz
avait promise aux Nouakchottois et un immeuble de neuf étages (R+9) au profit
de l'Etat mauritanien. La Grande mosquée était budgétisée, dans cet avenant,
pour douze milliards d'Ouguiyas alors que quatre milliards sont largement
suffisants pour la construire.
L'escroquerie
D'après nos informateurs, c'est,
en grande partie, pour voler au secours de Sahraoui que Cheikh Ridha, avec la
gourmande et intéressée bénédiction d'Aziz, se lança dans son aventure à la
Bernard Madoff. Il fallait avoir de la liquidité, beaucoup de liquidité.
Les termes de cette escroquerie
sont relativement simples. Ridha ouvre des "bureaux" commerciaux et
annonce publiquement sa décision d'investir cinq personnes, triées sur le
volet, qui seraient, seules, habilitées à s'engager en son nom. Les Bureaux de
Ridha achètent des biens (Villas) à des prix plusieurs fois supérieurs à leur
valeur sur le marché de l'immobilier. La condition de cette alléchante
transaction est que le vendeur accepte de n'être payés qu'après un ou deux ans.
Parfois avant même que l'ancien propriétaire ne vide la villa, le Bureau lui
trouve un acquéreur qui accepte de l'acheter à un prix moitié de sa valeur sur
le marché à condition, cette fois, de payer rubis sur l'ongle.
Ainsi les Bureaux de Ridha acquièrent
de la liquidité immédiate, le font savoir sur le marché et augmentent, de la
sorte, leur capacité d'endettement auprès d'éventuels propriétaires enclins à
se séparer de leur biens. Très vite, les propriétaires commencent à affluer.
Après l'immobilier, ce fut le tour du bétail, des voitures, des champs... Les
premières échéances furent honorées par le flots de liquidité ou ce qui en
restait après les ponctions faites aux profits de Sahraoui et de Aziz. Mais,
très vite, la machine se grippa et ce fut la banqueroute reconnue sur les
réseaux sociaux suivie de vaines promesses de remboursement, cette fois par les
mines de phosphate de Bofal...
Le carré d'as
Avec AZIZ, Cheikh Ridha et Sahraoui, un quatrième
larron vient fermer le carré d'as qui est entrain de faire main basse sur ce
qui reste de la Mauritanie, il s'agit de Zein El Abidine Ould Mohamed Mahmoud dont
le cas et l'appétit ont déjà fait l'objet d'un article de l'OBAMA.
Il s'agit de cette étoile
montante de la Mauritanie Nouvelle qui, partie d'un modeste magasin d'articles
de bureautique, s'est retrouvée, du jour au lendemain, bénéficiaire de la
plupart des contrats d'infrastructures de la République.
Après avoir mis à genoux l'ATTM
et l'ENER, le voilà qui s'oriente vers le secteur de la banque et de
l'industrie. Sa banque, la Banque Mauritanienne de l'Industrie(BMI), flambant
neuve, s'est illustrée, à l'occasion du lancement de la Nouvelle Ouguiya (NUM),
par la détention du record d'achat de coupons de cinq mille (5 000) NUM. En
outre, on retrouve la BMI à tous les carrefours des schémas d'investissement des
Emirats Arabes Unis en Mauritanie. Mais ce que les Mauritaniens ignorent et que
nous sommes en train de documenter à l'OBAMA c'est l'accélération de la
fréquence des voyages de la famille et de l'entourage immédiat de Ould Abdel
Aziz vers les Emirats. Le Président, la Première Dame, les filles, les gendres
et la plupart des prête-noms présidentiels ont été vus, ces derniers temps,
dans cet Etat du golf. Ils y ont acquis propriétés et intérêts économiques en
tout genre. En fait les fameux investisseurs émiratis qui frappent à la porte
de notre pays ne seraient autres que les Al Aziz qui, après l'avoir blanchi
sous le soleil du Golf arabique, nous ramènent l'argent qu'ils avaient accumulé
pour le faire fructifier à portée de leurs mains.
Les interrogations
De nombreuses interrogations continuent
à s'imposer à nous au vu des derniers développements:
1- Est ce que les épargnants
mauritaniens, qui ont été floués par Cheikh Ridha avec la complicité active de
Ould Abdel Aziz, ont la moindre chance de récupérer une partie de leur dû? Le
fait que personne n'ait osé porter plainte contre le Cheikh escroc en dit long
sur le degré d'impunité dont jouit ce triste personnage.
2- Y'aurait-il un lien entre
l'accumulation des dettes par Cheikh Ridha, la mise en circulation de la
Nouvelles Ouguiya et l'octroi d'un délai d'un an pour retirer les anciens
billets et les détruire?
3- Aziz a organisé la mise en
faillite frauduleuse de la SONIMEX, l'ATTM et de l'ENER et s'évertue à faire
disparaître toutes les pièces à conviction liées à ces entreprises qui lui ont
servi, ces dernières années, à détourner, par le truchement des contrats de
construction et de maintenance des infrastructures routières, des milliards
d'Ouguiyas. Nous pensons à l'OBAM qu'il y a là une manifestation supplémentaire
de l'atmosphère de fin de règne et un signe additionnel de fébrilité de la part
du Chef de l'Etat. Mais nous rassurons
nos concitoyens en leur réaffirmant que les temps de l'impunité sont maintenant
révolus et que même en renonçant à un troisième mandat, Aziz sera poursuivi.
4- Nous sommes étonnés devant le
silence assourdissant qu'observent nos élites intellectuelles et politiques devant
ces opérations de pillage systématique de nos richesses
de la part d'escrocs de tous genres opérant au vu et au su de tout le monde.
L'OBAMA remercie les patriotes
qui, au risque de perdre leur gagne-pain, continuent à nous informer depuis
l'intérieur de la forteresse administrative. La patrie vous le rendra.
obama.rim@gmail.com
en tt cas la photo publié n'est pas celle de Aly Dewla
ReplyDeleteAly Dewla? La photo
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